Cohabitation piétons-cyclistes : étude de cas des rues piétonnes à Montréal

Découvrez qui pédale sur nos routes et explorez les diverses pratiques cyclistes aux quatre coins du Québec.
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Loin d'être un simple loisir, le vélo est en train de devenir un véritable moyen de transport prisé par tous, enfants comme adultes, à travers le Québec. Encore largement inexploité, son potentiel est énorme et pourrait propulser les villes québécoises au sommet des classements des villes les plus cyclables au monde.
D'après les données du recensement canadien de 2021, 39% des travailleurs québécois habitent à moins de 5 km de leur travail, soit seulement une vingtaine de minutes de vélo. Cette proportion atteint même 46% et plus dans les villes de taille moyenne telles que Trois-Rivières, Saguenay ou Sherbrooke et dépasse les 60% dans les petites villes comme Val-d'Or, Victoriaville ou Matane.
Au-delà des seuls déplacements domicile-travail, 18 à 25% de tous les déplacements dans les grandes villes québécoises pourraient être effectués à vélo. Ne considérant que les déplacements courts sans charge ni passager, ce potentiel peut même être augmenté en considérant les distances accrues parcourables grâce au vélo électrique et la possibilité de transporter des enfants ou des courses avec son vélo.
Source : © Anne Williams
À la fois décideurs et modèles, les parents jouent un rôle essentiel dans le choix du mode de déplacements de leurs enfants, surtout chez les moins de 12 ans. Plusieurs facteurs jouent ainsi sur leur propension à laisser leurs enfants utiliser ou non le vélo (ou la marche) pour se rendre à l'école ou pour leurs loisirs, leurs deux préoccupations majeures étant la distance à parcourir et la sécurité des enfants.
Ainsi, l'adaptation de nos milieux de vie grâce à l'installation d'infrastructures cyclables séparées de la circulation motorisée et l'éducation des jeunes à une pratique cycliste sécurisée sont deux solutions particulièrement efficaces pour rassurer les parents et permettre la mobilité indépendante de leurs enfants.
En 2020, 39% des parents québécois considéraient les déplacements effectués par leurs enfants au quotidien comme trop longs pour être réalisés à vélo. Pour les enfants du primaire, il semble y avoir une distance seuil d'environ 1 kilomètre pour la marche et de 1,2 kilomètre pour le vélo au-delà de laquelle les parents sont moins enclins à laisser leurs enfants utiliser le transport actif.
Cependant, par le passé, la plupart des jeunes marchaient et pédalaient sur des distances bien plus longues. Ils étaient ainsi 80% à se rendre à l'école à pied en 1971. À l'heure actuelle, des déplacements en vélo de 2 kilomètres pour des enfants en fin de primaire et de 5 kilomètres pour des adolescents sont tout à fait faisables en une vingtaine de minutes.
Pour 23% des parents, l'insécurité routière et le danger que représentent les automobiles est le premier obstacle à laisser leurs enfants se déplacer en mode actif. Si elle est légitime, cette crainte des parents amène à un cercle vicieux problématique. Les rues étant perçues comme dangereuses, les parents décident d'utiliser la voiture pour emmener leurs enfants à l'école, ce qui fait augmenter la circulation automobile, donc la dangerosité réelle des routes et décourage d'autres parents de laisser leurs enfants se déplacer à vélo.
Le niveau socio-économique et les habitudes de déplacement de leurs parents sont deux facteurs influençant les choix de mode de déplacement des enfants. Ainsi, les jeunes sont plus susceptibles d'utiliser le transport actif dans les familles plus à l'aise financièrement ou si au moins un des deux parents utilise lui-même le transport actif. Les enfants de familles issues de l'immigration sont eux moins enclins à se déplacer à pied ou à vélo.
Au-delà du rôle essentiel des parents, l'environnement social en général est également important. Ainsi, le fait d'avoir un grand frère ou une grande soeur ou d'occuper un emploi pendant l'année scolaire facilitera la mobilité indépendante des jeunes.