Cohabitation piétons-cyclistes : étude de cas des rues piétonnes à Montréal

Découvrez qui pédale sur nos routes et explorez les diverses pratiques cyclistes aux quatre coins du Québec.
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Activité estivale s'il en est, le vélo est très apprécié des Québécois et Québécoises d'avril à octobre. Néanmoins, ces dernières années, la pratique du vélo en hiver gagne en popularité à la fois pour le loisir, avec le développement de nombreux sentiers de fatbike, et pour le transport, grâce au développement de réseaux cyclables sécurisés et déneigés toute la saison.
Sans surprise, c'est pendant la belle saison que l'on fait le plus de vélo au Québec. Quant à la fin de l'été, la nature s'endort, il n'en est rien des cyclistes dont la moitié continue de pédaler parmi les flamboyantes couleurs automnales. Et une part non-négligeable de ceux-ci profitent ensuite du plaisir du vélo durant l'hiver.
Source des données : Vélo Québec (2021). L'état du vélo au Québec en 2020
Sources des photos :
Au Québec, la même tendance est observée partout. Quelques villes, particulièrement Montréal mais aussi Longueuil ou Gatineau, ont des saisons du vélo un peu plus longues que les autres. Les cyclistes montréalais pédalent ainsi deux semaines de plus en moyenne que le reste du Québec.
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Source des données : Données de l'État du vélo au Québec en 2020 de Vélo Québec, rassemblées dans Poirier, A. et Thiériault, J. (2021). État de la pratique du vélo au Québec en 2020
Depuis quelques années, la pratique du vélo d'hiver se répand de plus en plus sur le territoire québécois.
L'exemple d'autres villes nordiques dans le monde est encourageant. A Oulu en Finlande, avec un climat très similaire au climat québécois, 45% des cyclistes continuent à faire du vélo l'hiver. Et dans les villes au climat plus doux comme à Copenhague ou à certaines villes des Pays-Bas, on atteint même des chiffres de 85%.
Sources des données : (Montréal) David Beitel, Eco-compteur - (Québec) Ville de Québec (2024). Bilan d'achalandage 2024 du CVC chemin Sainte-Foy
Parce que la météo hivernale rend la cohabitation avec les véhicules motorisés moins sécuritaire et confortable, les inégalités habituellement observées dans le profil des cyclistes sont exacerbées. Ainsi, au Canada, le cycliste d'hiver typique est un homme blanc d'âge moyen, avec un assez haut niveau de revenu et qui roule principalement pour aller au travail.
Si, en hiver, la pratique du vélo en tant que loisir décroît plus que la pratique à des fins de transport, elle ne disparaît pas pour autant, notamment grâce au développement de sentiers de fatbike à travers tous le Québec.
Source des données : Données de l'État du vélo au Québec en 2020 de Vélo Québec, rassemblées dans Poirier, A. et Thiériault, J. (2021). État de la pratique du vélo au Québec en 2020
Depuis quelques années, les adeptes du vélo de montagne l'été continuent de pratiquer même en hiver grâce au fatbike. Ces vélos à pneus surdimensionnés permettent une très bonne adhérence sur les terrains difficiles comme la boue, le sable ou la neige. Idéal donc pour retrouver les sensations de pilotage et la proximité de la nature du vélo de montagne, même au coeur de l'hiver.
Source des données : Vélo Québec
Source des photos : © Anne Williams
Parce qu'il remplace une voiture et qu'il permet de rester physiquement actif, le vélo a de très nombreux impacts économiques, sanitaires et écologiques. Déjà importants en été, ceux-ci sont encore plus bénéfiques en hiver.
Partout dans le monde, les niveaux d'activité physique des individus sont plus élevés en été qu'en hiver. Au Canada, 64% des adultes sont sédentaires en hiver contre 49% en été et le Québec fait partie, avec Terre-Neuve-et-Labrador, des pires provinces du pays en termes d'inactivité saisonnière. Cela est bien entendu dû à la météo difficile mais également au raccourcissement des journées, limitant ainsi les possibilités d'activité, particulièrement en extérieur.
Se déplacer en vélo en hiver est donc une façon simple d'incorporer de l'activité physique dans son quotidien et de passer du temps à l'extérieur, avec tous les bienfaits pour la santé que cela induit.
En hiver, lors de phénomènes d'inversion thermique, les polluants atmosphériques peuvent se retrouver bloqués dans les basses couches de l'atmosphère et ainsi dégrader la qualité de l'air aux environs des sources de pollutions. Émetteur important de particules fines, le trafic routier contribue également à remettre en suspension dans l'air les sels de déglaçage répandus sur les routes.
Remplacer la voiture par le vélo peut ainsi permettre de limiter cette pollution de l'air hivernale.
En hiver, l'impact de l'automobile est plus important qu'en été. Du fait des basses températures et des conditions de conduite plus difficiles, la consommation d'essence et les émissions de gaz à effet de serre associées sont plus élevées. Cette augmentation peut atteindre 27% pour des déplacements en ville lorsque les températures extérieures passent de 24°C à -7°C.
La pratique du vélo d'hiver permet donc d'économiser de l'argent tout en ayant des conséquences positives pour l'environnement.
En hiver, l'insécurité réelle, mais aussi perçue par les cyclistes eux-mêmes, augmente à cause des conditions météorologiques et de visibilité difficiles. Cependant, la plupart des barrières à la pratique hivernale peuvent être levées en développant un réseau d'aménagements cyclables séparés de la circulation routière et régulièrement déneigés.
Sur toute l'année 2020, seulement 6% des déplacements à vélo (utilitaires et loisirs confondus) ont été effectués après le coucher du soleil, pour une durée moyenne de 18 minutes. 80% des cyclistes déclarent même ne jamais rouler la nuit.
Ainsi, avec ses journées raccourcies, la saison hivernale pose de sérieux enjeux quant à la pratique du vélo, notamment en termes de visibilité et de sécurité. Néanmoins, des infrastructures cyclables de qualité ainsi qu'un système d'éclairage adapté permettent de sécuriser les cyclistes, même lorsque les jours raccourcissent.
Du fait, des conditions glissantes, des voies de circulation plus étroites et de la faible visibilité inhérentes à la saison hivernale, la dangerosité de la cohabitation avec les véhicules motorisés est amplifiée en hiver. De plus, les infrastructures conçues pour l'été (bandes cyclables et pictogrammes peints au sol) sont très souvent inutilisables en hiver.
Ainsi, si l'aménagement de pistes cyclables physiquement séparées de la circulation routière est une mesure efficace et importante pour encourager et sécuriser la pratique du vélo toute l'année, elle l'est d'autant plus lors de nos rudes hivers québécois.
En plus d'être séparées du trafic automobile, les pistes cyclables doivent être correctement déneigées et déglacées pour permettre la pratique du vélo l'hiver. Ainsi, 48% des cyclistes d'hiver considèrent le gravier et la neige comme des problèmes et 61%, la glace comme un problème majeur. Similairement, à Montréal, la probabilité pour un cycliste de ne pas rouler en hiver est pratiquement doublée en présence de neige et de glace sur la route.
À mesure que le temps de trajet (ou la distance à parcourir) augmente, l'utilisation du vélo diminue. Cette corrélation existante tout au long de l'année est encore exacerbée par les conditions météorologiques difficiles en hiver.
Chaque année, de plus en plus de pistes cyclables sont déneigées et entretenues en hiver, permettant ainsi aux cyclistes de circuler en toute sécurité quelle que soit la météo.
Depuis les premiers projets de déneigement des pistes cyclables à Montréal dans les années 2010, la pratique s'est répandue dans d'autres municipalités à travers tout le Québec, augmentant ainsi le nombre de cyclistes sur les routes toute l'année. Par exemple, entre 2015 et 2019, le nombre de pratiquants de vélo d'hiver a été multiplié par 4 sur le Plateau-Mont-Royal à Montréal.
Il n'y a pas de mauvais temps, juste de mauvais équipements.
Souvent vues comme défavorables à la pratique du vélo, les (très) basses températures ne semblent pas déranger les cyclistes d'hiver actuels qui roulent sans inconvénient jusqu'à des températures de -20°C, voire plus froides. De la même manière, l'humidité ou les précipitations influencent peu la pratique actuelle.
Utilitaire par excellence, l'apparition et le développement de la pratique du vélo d'hiver ces dernières années n'est que le reflet de l'utilisation croissante du vélo en tant que moyen de transport au Québec. Apprenez-en plus à ce propos mais aussi sur le potentiel du vélo utilitaire québécois avec notre nouveau sujet.